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Interview d’Olivier Blondeau, directeur général d’Avens : 20 ans de la loi du 11 février 2005 sur le handicap

Le 11 février 2025 marque les 20 ans de la loi du 11 février 2005 sur le handicap. Où en est-on réellement en matière d’inclusion ? Olivier Blondeau, directeur général d’Avens, partage son regard sur les avancées, les défis et les perspectives d’avenir.

Vingt ans après la loi du 11 février 2005, quel regard portez-vous sur son impact dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap ?

« Cette loi a posé une ambition forte pour l’ensemble des organisations du secteur médico-social et pour la société elle-même. Elle a constitué une étape essentielle après la loi de 1975 en mettant au cœur du débat l’égalité des droits et des chances, la pleine citoyenneté et la participation des personnes en situation de handicap.

Cependant, force est de constater que, vingt ans après, tous les objectifs n’ont pas été atteints. Même si nous avons connu une évolution sémantique positive passant de la lutte contre les exclusions, à l’insertion et désormais l’inclusion ; même s’il y a eu des avancées importantes, des sujets majeurs demeurent comme la question de l’accessibilité. L’accès aux soins, aux transports, à l’emploi ou à l’habitat par exemple sont encore des sujets qui ne permettent pas à bon nombre de “personnes en situation de handicap” de se sentir considéré, à juste titre, comme des citoyens à part entière. »

Quels sont, selon vous, les principaux défis qui restent à relever pour une société plus inclusive et comment votre association y contribue-t-elle ?

« Le plus grand défi est d’arriver à ce que le sujet de l’inclusion n’en soit plus un et que chacun puisse vivre ensemble sans être stigmatisé ou exclu du fait de sa condition.

Chez Avens, nous sommes engagés dans un réel enjeu de transformation de notre organisation en pôles de compétences. Nous croyons en un modèle fondé sur des passerelles entre les différents acteurs. Nous sommes passés d’une logique d’établissement fonctionnant en autarcie en une organisation telle une plateforme de services qui démultiplie les réponses aux attentes des personnes accompagnées. Cela passe par un travail de coopération avec les acteurs habituels du social, médicosocial, sanitaires mais également d’autres acteurs tels que les bailleurs sociaux, les entreprises, les associations de droit commun, les collectivités locales et d’autres encore.

A chaque demande, à chaque attente d’un résident, d’un ouvrier d’ESAT, nous trouver la réponse en mettant de côté le fameux « ce n’est pas possible ». Je pense notamment à l’accompagnement qui a été mis en place pour une résidente sur Giens qui illustre ce que je viens de dire et dont le projet était de pouvoir prendre le bus pour aller boire son café tous les matins dans un village voisin malgré son fauteuil électrique et son handicap moteur. Cela a pris du temps mais les professionnels ont su lever tous les freins. Et si vous pouviez voir son sourire quand elle arrive dans le bar. Ce n’est peut-être rien pour beaucoup de personnes mais pour elle c’est juste magique. Et c’est ça notre métier.

J’en profite pour saluer l’engagement des professionnels de notre association. Ils font preuve d’une implication exemplaire et c’est une chance d’avoir des équipes aussi engagées.

Si vous aviez un message à adresser aux décideurs pour les 20 prochaines années ?

« Les outils existent. La fameuse 5ème branche de la sécurité sociale doit nous permettre de bénéficier d’une ambition et d’une stratégie nationale claire avec des moyens dédiés pour une réponse territorialisée de qualité. Le Président de la République a posé une ambition pour l’IA à la « Notre Dame » avec des actions concrètes et des moyens dédiés en un temps court. Ne peut-on imaginer la même chose pour les millions de français qui sont en situation de handicap ? Je pense que les fédérations, les associations seront prêtes à relever les défis, comme elles l’ont toujours fait. »